Redevenant le seul roi de Francie, Charles le Chauve fut couronné empereur en 870. Son attention se portait plus contre son frère Louis le Germanique que contre les Vikings. Pourtant son armée remporta une victoire en faisant lever le siège de la ville d'Angers en 873. Le 24 novembre 885, 700 navires transportant 40 000 barbares, commandés par le jarl Siegfried, remontèrent la Seine. Parmi eux se trouvait le chef de clan Hrolf Marche à Pied : un colosse à la stature impressionnante. Le pont fortifié de Pîtres fut incendié et les Northmen ravagèrent les campagnes jusqu’à Paris. Entre-temps, Eudes, le fils du roi Robert, était devenu comte de Paris et Gozlin évêque de la ville. Tous deux secondés par Ebbe, abbé de Saint Germain des Prés, dénièrent le droit de passage, à Paris, sous les ponts enjambant la Seine, aux hommes du nord. C’est sous les huées des Parisiens en armes et menaçant que les chefs Northmen venus négocier leur passage au palais communal repartirent vers leurs navires promettant de tout brûler. Pour forcer le passage les vikings attaquèrent à l’aube du lendemain, en attaquant la tour nord et le grand pont de la rive droite. L’assaut fut repoussé et les assaillants perdirent beaucoup d’hommes. Les jours suivants les vikings menés par Siegfried attaquèrent de nouveau comme des enragés. Eudes et Gozlin animèrent la résistance en payant de leurs personnes. Comme ils n’arrivaient à rien contre Paris, les barbares allèrent piller une nouvelle fois les villes de Saint Germain des Prés et de Saint Germain l’Auxerrois. Leur fureur passée à tuer des paysans, les Northmen reprirent le siège de Paris. Trois drakkars furent incendiés pour brûler le grand pont mais le feu fut maîtrisé. Les Parisiens, par des tirs de mangonneaux, projetaient des rocs sur les tortues vikings, brisant les mantelets en peau de cuir. Partout dans la ville les parisiens chantaient « Noël, Noël! ». Le siège durait depuis deux mois et le petit pont de la rive gauche fut détruit le 6 février 886. Au bout de l’ex-pont se trouvait une tour où 12 défenseurs isolés combattirent sans se rendre jusqu’à la fin. Ils périrent jusqu’au dernier résistant toute une journée contre une armée entière. Au crépuscule la tour n’était plus qu’un gigantesque brasier. L’histoire a conservé les noms de ces valeureux combattants : Hermanfroi, Herland, Hervi, Seuil, Gui, Aimard, Hervé, Ouacre, Arnaud, Jobert, Hardre, Joussouin. Dans les mois qui suivirent huit assauts furent menés par les barbares et repoussés. Au cour de l'une des contre-attaques l’évêque Gozlin trouva la mort, transpercé par une flèche.
La famine sévissant dans Paris, le comte Eudes décida de se rendre auprès de l’empereur et nouveau roi : Charles le Gros, fils de Louis le Germanique, neveu et successeur de Charles le Chauve, pour y trouver des secours.
Cela faisait sept mois que Paris tenait bon face au siège des vikings. Ceux-ci lançaient attaque sur attaque même si ils comptaient des milliers de morts.
L’armée de l’empereur n’apparut sur les hauteurs de Montmartre qu’en octobre 886. A la vue de l'ost impériale, les Northmen se replièrent précipitamment sur la rive gauche de la Seine. Pourtant l'empereur d'occident préféra négocier, une fois encore, la levée du siège contre 700 livres d'argent, et en outre il accorda aux barbares le droit d'aller piller la Bourgogne. Charles ne voulut pas risquer son armée dans un conflit dont la victoire lui parut incertaine, et puis une fois contentés les pillards partiraient lui laissant les mains libres sur un territoire certes dévasté mais complètement à sa merci princière. Exaspérés par la politique du roi et nouvel empereur, les Parisiens interdirent le passage de leurs ponts aux vikings. Ceux-ci durent faire un long détour par les terres pour éviter les attaques parisiennes.
Deux années plus tard, Charles le Gros déconsidéré fut déposé et Eudes, comte de Paris, reconnu roi de Francie par une assemblée de nobles. Dès le début de son règne Eudes alla avec ses troupes dans l'Argonne, à Montfaucon, écraser une armée viking. Les northmen eurent 20 000 tués. Sous l'impulsion de son ancien comte, Paris devint la ville la plus riche de Francie et la ville principale du royaume. Ebbe devenu évêque fit reconstruire l'abbaye de Saint Germain des Prés. Cependant en 889 un nouveau tribut est versé aux Northmen pour qu'ils évacuent la Brie, la Champagne et la vallée de la Meuse. En 898, Eudes mourut mais son fils ne voulut pas du titre royal, et Charles III le Loyal, ou le Simple, un carolingien petit-fils de Charles le Chauve, monta sur le trône. En l'an 911, Hrolf Marche à Pied mena une expédition qui ravagea Nantes et le Mans. Il se fit battre à Chartres, ou plutôt étrillé. Le roi, pour mettre fin à la guerre ne put lui versé un tribut. Il lui offrit donc le comté de Rouen avec pour tache d'empêcher que d'autres Northmen ne remontent le fleuve. De plus le comté se trouvait à côté du territoire breton, et les Bretons restaient toujours autonomes vis à vis du gouvernement royal ce qui entraînait des conflits larvés avec les Francs. Les Northmen ou Normands serviraient de tampon loyaux avec ces Celtes insoumis. Le jarl sentant le vent tourné accepta : les temps n'étaient plus aux grandes expéditions. Pour se faire, le viking et ses compagnons rendirent hommage à Charles III à Saint- Clair-sur-Epte et se firent baptiser : Hrolf prit le nom de Rollon. Lors de la cérémonie, volontairement ou non, Rollon renversa le roi en se relevant après lui avoir baisé le pied.
Avec tous les fiefs de Basse Seine en Neustrie à sa charge, Rollon créa la Normandie. Le loup se fit chien de garde et les Normands interdirent désormais le passage aux vikings et fermèrent la Seine aux invasions. Les vikings reportèrent donc leurs attaques sur la Bretagne dès 912. Le chef des Northmen, Rognvaldr, remontèrent la Loire et prirent Nantes en 919. La ville ne sera reconquise qu'en 937 au terme d'une rude bataille par l'armée du chef breton Alain Barbetorte. La Bretagne, indépendante depuis 846, avait depuis 847 avait subi de nombreuses invasions sur tout son littoral et à l'intérieur de ses terres en 854, 862, 863, 867, 869, 875, 888, 890, 913 et 936. 939 marque la fin de l'occupation viking avec la prise du camp de Trans, près de Dol, par l'armée Bretonne dont le sentiment d'identité celtique sort renforcé, mais l'autorité des ducs ne sera pas pleinement restaurée.
Bientôt le comte de Rouen devint duc de Normandie et de nombreux colons scandinaves viennent s'installer dans son fief de Normannia. Rollon aura un fils, Guillaume Longue-Epée dont le fils Guillaume monta sur le trône d'Angleterre en 1066.
Quand à la descendance de Robert-le-Fort, elle accéda au trône de Francie le 3 juillet 987 après la mort du roi carolingien Louis V, survenue en mai 987, lors d'une partie de chasse où il chuta de cheval et s'empala sur un arbre. Ce fut à nouveau une assemblée de nobles qui sous la conduite de l'archevêque Adalbéron élut le duc de Paris, un robertien, Hugues le Capé, roi de Francie. Hugues fut élu roi à Senlis et sacré à Noyon par l'archevêque Adalbéron. Cet ecclésiastique fit tout son possible pour évincer Charles de Lorraine, frère de Louis V dit le Fainéant, et dernier prétendant de la descendance de Charlemagne du titre de roi de Francie. Adalbéron avait un fort contentieux avec Charles de Lorraine. Il semblerait que l'archevêque ait détourné de l'or pour ses propres fins et que Charles voulait le faire traduire devant une cour de justice. Le seul salut pour l'archevêque résidait alors dans l'élection d'un tiers à la couronne. Un noble qui lui devrait son trône, et le protégerait. Il jeta donc son dévolu sur le plus puissant des nobles du royaume dont la nomination au titre de roi ne poserait pas de problème vu les antécédents de sa famille : Hugues duc de Paris, à qui il acquit tous les autres Francs d'occident voulant s'émanciper de la tutelle carolingienne. Hugues le Capé, ou Capet, descendait de Robert le Fort par son deuxième fils : Robert I. Robert I avait eu deux filles : Adèle qui épousa le comte de Vermandois Herbert II. Sa seconde fille, Emma, épousa le duc Raoul de Bourgogne qui fut quelques temps roi des Francs durant un inter-règne carolingien. Robert I eut un troisième enfant : Hugues le Grand, abbé laïque de l'abbatial de Saint Martin de Tours, et père de Hugues qui portait lui même la chape d'abbé laïque.
Il y eut une guerre entre robertiens / capétiens et caroligiens. L'empereur du Saint Empire, Otton III, qui se défiait de Charles qui lorgnait le trône impérial, apporta son soutient à Hugues, après avoir été approché par Adalbéron qui plaida la cause du Neustrien : le royaume des Francs d'occident resterait dans l'empire. La guerre se déroula autour des villes de Laon, Saint Quentin, Soisson et Reims. Trahit par Ascelin, évêque de Laon, et prétendu vassal, Charles de Lorraine, qui séjournait dans la ville avec toute sa famille, fut livré aux troupes de Hugues en 991 et il mourut emprisonné à Orléans en 992. Ascelin dépendait de l'archevêque Adalbéron. Il y avait déjà eu un précédant de trahison quand Charles le Loyal fut emprisonné par le comte de Vermandois, qui normalement était son vassal.
Une fois sa victoire assurée sur Charles de Lorraine, Hugues se délia de sa vassalité envers l'empire, et renvoya Adalbéron qui le conseillait jusqu'à lors. Il associa son fils Robert II au trône de Francie, et la monarchie du royaume devint héréditaire.
Avec le temps les pillages vikings s'estompèrent. Les différentes expéditions nordiques sur l'Angleterre, la Francie, la Germanie, l'Irlande, la Russie, l'Espagne, l'Ecosse, la Sicile, l'Italie, les Balkans, la Tunisie, l'Islande, le Groenland, etc....eurent raison de la force vive et des armées du Danemark, de la Norvège et de la Suède aux populations peu nombreuses. Chaque départ pour pillage dépeuplait des contrées côtières entières de la Scandinavie. Sédentarisés outre-mer, ou sur leurs propres terres ancestrales, les Northmen se sont civilisés et sont devenus, ou plutôt redevenus agriculteurs ou pêcheurs pour rentrer de plein pied dans le moyen-âge. On peut dire que la période des expéditions de pillage ne fut qu'une longue parenthèse dans la vie des populations nordiques. Une solution de facilité rapide pour s'enrichir. Comment cela a t il commencé ? Je pense, suivant les différentes sources que j'ai consulté, que des pêcheurs nordiques ont un jour repéré un site isolé au large des côtes écossaises ou northumbrienne, et se dit qu'ils viendraient facilement à bout des habitants inoffensifs qui y vivaient pour pouvoir piller ce lieu sans vergogne. Ils ont du répété plusieurs fois leurs crimes, et de fils en aiguilles enhardis par leurs « exploits », ils ont drainé dans leur sillage d'autres pêcheurs qui se sont transformés en pirates. Leur principe était simple : razzier une terre sans défense le plus rapidement possible, et retourner au pays couvert d'argent. Ainsi, après villages et les monastères isolés se sont les villes côtières qui ont subi les attaques des hommes du nord. Les expéditions se sont peu à peu structurées et sous l'égide d'un chef de clan, d'un seigneur ou d'un roi, elles ont pris de l'importance pour se transformer en véritables expéditions de guerres ouvertes contre des royaumes continentaux. Le premier raid répertorié date de 789 sur la ville de Portland, et le plus connu est celui du monastère de Lindisfarne en 793. Le sac de ce lieu de culte marquera à jamais les esprits. Après cette période d'intense activité guerrière, les populations scandinaves épuisées par tant d' « aventures » lointaines reprirent peu à peu leur vie d'avant : celle de pêcheurs et de cultivateurs. Les Northmen régneront sur l'Angleterre jusqu'à ce que Guillaume, duc de Normandie, les batte à Hasting, puis à Londres et dans diverses batailles jusqu'en 1070.
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