Ainsi donc tous nos politiques vont se targuer de commémorer l’armistice du 11 Novembre 1918. Triste cérémonie qui rapporte à nos mémoires le sacrifice librement consenti de plusieurs générations de jeunes hommes pour une boucherie jamais égalée dans sa forme. La Première Guerre Mondiale n’est jamais que le prolongement Républicain de la Guerre Impériale de 1870, tout comme le sera celle de 1939-1945. Cette guerre contre les Allemands qu’ont toujours désiré les militaires Français pour prendre leur revanche contre leurs homologues d’outre-rhin. Une revanche approuvée par l’ensemble des Français. Et Jaurès ? Juste avant de se faire assassiner le leader Socialiste a écrit un texte où il se range du côté des bellicistes. L’histoire a voulu que l’écrit ne soit pas publié suite à sa mort. Le bourrage de crâne procédé sur tous les écoliers mâles de 1875 à 1914 a porté ses fruits et donné à nos généraux la possibilité d’utiliser à outrance une chaire à canon béate et volontaire.
S’il y a une victoire qui tient bien du miracle pour l’histoire de la France, c’est celle de la Marne. La première Guerre Mondiale a été encouragée et voulue en premier lieu par la France. Cela dans l’unique but d’effacer l’humiliation de la défaite de 1870. D’autres nations ont aussi trouvé leur compte dans l’état de tension du début du 20ème siècle : L’Autriche-Hongrie pour cimenter l’unité de son empire au conservatisme périmé, et aux peuples si disparates ; L’Allemagne afin d’asseoir le Pangermanisme, et ainsi dominer l’Europe. Il est quant même à noter que le Reich a, à plusieurs reprises, essayé d’éviter le conflit; La Russie qui, aux portes de la révolution, tente par la guerre de provoquer un regroupement autour du Tsar, symbole de l’Empire. Seule l’Angleterre, bien qu’ayant des accords avec la France resta pacifique, mais ses hésitations favoriseront aussi le déclenchement du conflit. Côté français, la stratégie mise en place est fort simple. Elle se borne à l’application du plan d’attaque n° XVII. Celui-ci est l’application des directives d’attaque du Colonel de Grandmaison : « l’attaque à outrance », qui selon lui correspond à l’esprit français. Foncer à travers les plaines d’Alsace et de Moselle pour arriver à une rencontre frontale avec l’armée allemande. Il faut bousculer l’ennemi, en obtenant une supériorité tactique en des endroits choisis, tout en opposant une résistance ferme sur d’autres points. « L’attaque à outrance » se fait au son du clairon, la fleur aux dents, les képis et les drapeaux au vent, les hommes en ligne et la baïonnette au canon. Coûteux en hommes, cette stratégie de submersion de l’ennemi par la masse est très sommaire : employée depuis la Guerre en Dentelle elle survit sous Napoléon et trouve encore sa place durant la Guerre de Sécession Américaine. Elle a peu à voir avec les notions d’art militaire que des généraux à l’esprit moderne tentèrent d’améliorer. Elle relève plutôt de l’antiquité, où les promesses de la victoire étaient dues au seul courage des combattants. Mais dans une guerre moderne, comme celle qui allait avoir lieu, est ce que “l’esprit individualiste français“ avait encore sa place ? Pour mettre en œuvre le plan XVII les rennes de l’armée française sont entre les mains d’un Général quasiment à la retraite : Joffre. Celui-ci a fait toute sa carrière militaire dans le Génie. Il a été basé en Outre-mer sur sa demande suite à un chagrin d’amour. N’accusant ni supériorité dans une matière, ni défaillance dans une autre, il est tout bonnement un administrateur hors paire. Il prend des postes aussi bien en Indochine, qu’en Afrique où à Madagascar avec le général Gallieni. Partout, il a donné satisfaction. Revenu en France, son passé militaire et sa bonhomie lui font aborder les “ hauts emplois “ de l’armée. Dès le début du conflit Joffre applique donc le plan n° XVII. Mais il lui apporte une variante : En fixant l’ennemi en Alsace-Moselle il cherche à le prendre de flanc en passant par les Ardennes et le Luxembourg avec une seule armée de débord. De leur côté les généraux allemands font passer par la Belgique toutes leurs armées. Il va sans dire qu’avec une pareille stratégie la bataille des frontières fut perdue, et la retraite inévitable. Joffre considéra la manœuvre allemande en Belgique comme un débordement limité, et il jeta dans la bataille d’Alsace ses 37 divisions territoriales de réserve, pour accentuer la pression sur les villes de Metz et Strasbourg. Pendant ce temps 200000 allemands passaient la Meuse.
Durant la Bataille des Frontières, Il y eut du coté français 300000 morts, et la retraite fut générale. Je dis bien retraite, car contrairement à 1940 il n’y eut pas de débâcle. Nulle part les armées françaises n’ont perdues de leur cohésion. Il n’y a aucune débandade. Les replis sont effectués en bon ordre, et le moral de la troupe n’est pas entamé. Les soldats n’ont nullement le sentiment d’être battus, et ne demandent qu’à retourner au combat. Il faut dire que 44 ans d’endoctrinement tourné vers la Ligne-Bleue des Vosges ça laisse des traces….Du coté de l’empire allemand, le plan stratégique mis en place est l’œuvre du Comte Von Schlieffen. Il est le petit neveu du vainqueur des conflits de 1862, 1866 et de 1870/1871, le général Von Moltke, qui dirige l’armée impériale. La carrière de Von Schlieffen a été toute tracée : compagnon de guillaume II, il a bénéficié de l’auréole prestigieuse attachée à son nom. Habitué aux bals, concerts et parades, il a une intelligence vive, mais manque de fermeté dans ses décisions. A 66 ans, il est plié à la volonté de l’empereur. Il sait cependant s’entourer d’hommes qui lui sont dévoués, tels que Von Tappen ou Von Hentsch. Ils ont des caractères qui lui sont proches dans la discipline hiérarchique, et le règlement militaire. Pour la réussite de son plan, Von Schlieffen avait toujours insisté pour que sa stratégie aboutisse à l’encerclement de l’armée française : un vaste mouvement tournant depuis l’ouest, en la fixant aux frontières. Elle ne devait en aucun cas la faire reculer pour quelle puisse s’échapper. Il fallait encercler les armées françaises et les faire capituler comme à Metz, à Sedan, ou Paris en 1870. Ce ne fut pas le cas en août 1914. Surpris par les troupes allemandes, qui étaient passées par le sud de la Hollande et la Belgique, les généraux français, qui avaient retenus la leçon de 1870, reculaient leurs armées afin de préserver leurs hommes en vue d’une contre- attaque, ou de parer à tout désordre révolutionnaire. Mais faute de plan de rechange, par rapport au plan N° XVII, ils ne savaient pas comment procéder. L’armée française allait reculer jusqu’aux alpes. Elle perdrait la guerre certes, mais resterait structurée et opérationnelle. Pour relancer « sa marche victorieuse » il lui manquait un tacticien, un intuitif dans l’action. Et cet homme là ce n’était pas Joffre. De leur coté les britanniques, entrés dans la guerre après le viole de la neutralité Belge, se faisait bravement étriller par les Prussiens. Ils étaient commandés par le médiocre général French : vétéran des guerres Boers et Zoulous. L’armée anglaise étant inexistante en 1914, le BEF n’avait pas reçut de mission de sacrifice sur le sol français. Afin d’éviter un désastre son action fut prudente. Les anglais cherchaient, avant tout, à protéger les ports de la Manche pour maintenir une liaison avec leur île. L’avance des 320000 hommes du général Von Kluck de la première armée allemande fit peser sur le BEF une réelle menace d’anéantissement. Toujours est il que du coté français, en 1914, l’état-major manquait désespérément d’idées pour renverser la situation. La population parisienne s’attendait à soutenir un long siège prolongé comme en 1871. De son coté Joffre travaillait avec méthode en suivant scrupuleusement les schémas et les plans, obsolètes, préétablis. Sa platitude sans imagination fut pour beaucoup sa plus grande qualité… Et aussi son plus grand défaut, car faute d’un plan de rechange pour relancer l’attaque, il resta sans ressource. En septembre 1914, à la poursuite des Anglo-français qui se dérobent devant eux, les soldats allemands marchent sans s’arrêter en faisant 40 KM par jour. Seule la certitude de la victoire prochaine soutient leurs nerfs, et fouette leur enthousiasme. Pour tenir le coup, les troupes allemandes sont alcoolisées à l’excès. Elles sont surmenées, fatiguées et poussées à bout par leurs officiers qui veulent à tout prix talonner leurs adversaires. Sans trêve, ni repos, les allemands ont la main lourde sur la population civile. Beaucoup de villages sont pillés de font en comble et brûlés. Il faut dire que les français leurs ont donné le bon exemple avec la guerre de 30 ans, et les guerres napoléoniennes (c’est le retour du bâton). Toujours est-il que de nombreux civils sont jetés sur les routes. Si il est inexacte de prétendre que les officiers ont encouragé les exactions (vols, violes, et pillages), il est vrai qu’ils les ont tolérés en proie à un orgueil Prussien porté à son comble. Progressant à la poursuite des armées françaises qui reculent, Von Kluck peut s’estimer le mieux placer pour apprécier la situation. En tout cas, bien mieux que son Haut-Etat-major resté au Luxembourg, loin du front. Ainsi, Von Kluck décide, seul, de ne pas encercler Paris et de ne pas s’emparer de la capitale de l’hexagone. C’est pour lui une prise inutile, nécessitant un long siège, et une perte de temps précieux pour pourchasser les troupes françaises. Il veut avoir une liberté totale de mouvement, sans avoir à fractionner son armée. Il décide donc de passer à l’est de Paris, et de talonner la cinquième armée française. Depuis le Luxembourg, Von Moltke désira se rendre compte de la situation sur le front. Pour se faire il dépêcha avec les pleins pouvoirs le Lieutenant-colonel Von Hentsch, secondé par le Capitaine Koenig. Les deux hommes prirent la direction des lignes de batailles, pour voir si le plan initial de l’attaque suivait son court. Arrivés sur le front, Von Hentsch et Koenig découvrent que les impétueux généraux, Von Kluck et Von Bullow, poursuivent, dans la plus grande allégresse, les armées françaises qui reculent. La poursuite engagée ne tient en aucun compte du plan Von Schlieffen. De plus Von Hensch apprend qu’une armée française, la sixième, s’est regroupée dans la région parisienne. Ces troupes françaises pourraient porter une attaque sur le flanc droit de la première armée impériale. Pour Von Hentsch s’en est trop. Il prend une décision irréfutable : les généraux du Kaiser doivent suivre les directives du plan Schlieffen. Il en est fini de leur liberté d’action. Les troupes impériales doivent se réaligner, conformément au plan initial, et repartir à l’attaque après s’être réorganisées. Le réalignement entraîne un repli très ordonné des troupes de Guillaume II. Elles prennent ainsi position dans la vallée de l’Aine, sur des positions retranchées et fortifiées. Avant de passer à la suite de cette bataille, gardons bien en tête que jusqu’à ce redéploiement stratégique les troupes allemandes bousculaient sans cesse, et sans danger, les maigres troupes que les français laissaient derrière eux pour couvrir leur fuite, et retarder l’ennemi. Faute d’un second plan les français reculaient, reculaient… Finissant par se rendre compte qu’elles n’étaient plus poursuivies les armées françaises furent tout d’abord surprises. Nos différents généraux, totalement dans l’expectative, demandèrent conseil à leur Etat-major tout aussi surpris. C’est par un heureux hasard que le général Joffre, sortant de son apathie, eut la lumineuse idée de réoccuper le terrain abandonné par l’ennemi. Quelle stratégie!!!...En tout cas elle ne permit pas aux allemands de repasser à l’attaque, une fois réalignés selon leur plan initial. Les armées impériales stoppées, par la rigidité d’une doctrine militaire périmée, perdirent l’initiative, et l’opportunité, de mettre à la république une pâtée mémorable, dont la France ne se serait pas relevée. Sans plan de rechange, comme l’armée française plutôt, les troupes allemandes se contentèrent alors de repousser les Anglo-français qui tentèrent de réoccuper le terrain. L’armée allemande s’est arrêtée d’avancer. Pour les généraux français cela ne peut-être que le résultat d’une victoire. Laquelle ? Peut importe, pour Joffre et les politiques la république est sauvée. Les lettres de félicitations sont envoyées aux armées.
S’il y a une victoire qui tient bien du miracle pour l’histoire de la France, c’est celle de la Marne. La première Guerre Mondiale a été encouragée et voulue en premier lieu par la France. Cela dans l’unique but d’effacer l’humiliation de la défaite de 1870. D’autres nations ont aussi trouvé leur compte dans l’état de tension du début du 20ème siècle : L’Autriche-Hongrie pour cimenter l’unité de son empire au conservatisme périmé, et aux peuples si disparates ; L’Allemagne afin d’asseoir le Pangermanisme, et ainsi dominer l’Europe. Il est quant même à noter que le Reich a, à plusieurs reprises, essayé d’éviter le conflit; La Russie qui, aux portes de la révolution, tente par la guerre de provoquer un regroupement autour du Tsar, symbole de l’Empire. Seule l’Angleterre, bien qu’ayant des accords avec la France resta pacifique, mais ses hésitations favoriseront aussi le déclenchement du conflit. Côté français, la stratégie mise en place est fort simple. Elle se borne à l’application du plan d’attaque n° XVII. Celui-ci est l’application des directives d’attaque du Colonel de Grandmaison : « l’attaque à outrance », qui selon lui correspond à l’esprit français. Foncer à travers les plaines d’Alsace et de Moselle pour arriver à une rencontre frontale avec l’armée allemande. Il faut bousculer l’ennemi, en obtenant une supériorité tactique en des endroits choisis, tout en opposant une résistance ferme sur d’autres points. « L’attaque à outrance » se fait au son du clairon, la fleur aux dents, les képis et les drapeaux au vent, les hommes en ligne et la baïonnette au canon. Coûteux en hommes, cette stratégie de submersion de l’ennemi par la masse est très sommaire : employée depuis la Guerre en Dentelle elle survit sous Napoléon et trouve encore sa place durant la Guerre de Sécession Américaine. Elle a peu à voir avec les notions d’art militaire que des généraux à l’esprit moderne tentèrent d’améliorer. Elle relève plutôt de l’antiquité, où les promesses de la victoire étaient dues au seul courage des combattants. Mais dans une guerre moderne, comme celle qui allait avoir lieu, est ce que “l’esprit individualiste français“ avait encore sa place ? Pour mettre en œuvre le plan XVII les rennes de l’armée française sont entre les mains d’un Général quasiment à la retraite : Joffre. Celui-ci a fait toute sa carrière militaire dans le Génie. Il a été basé en Outre-mer sur sa demande suite à un chagrin d’amour. N’accusant ni supériorité dans une matière, ni défaillance dans une autre, il est tout bonnement un administrateur hors paire. Il prend des postes aussi bien en Indochine, qu’en Afrique où à Madagascar avec le général Gallieni. Partout, il a donné satisfaction. Revenu en France, son passé militaire et sa bonhomie lui font aborder les “ hauts emplois “ de l’armée. Dès le début du conflit Joffre applique donc le plan n° XVII. Mais il lui apporte une variante : En fixant l’ennemi en Alsace-Moselle il cherche à le prendre de flanc en passant par les Ardennes et le Luxembourg avec une seule armée de débord. De leur côté les généraux allemands font passer par la Belgique toutes leurs armées. Il va sans dire qu’avec une pareille stratégie la bataille des frontières fut perdue, et la retraite inévitable. Joffre considéra la manœuvre allemande en Belgique comme un débordement limité, et il jeta dans la bataille d’Alsace ses 37 divisions territoriales de réserve, pour accentuer la pression sur les villes de Metz et Strasbourg. Pendant ce temps 200000 allemands passaient la Meuse.
Durant la Bataille des Frontières, Il y eut du coté français 300000 morts, et la retraite fut générale. Je dis bien retraite, car contrairement à 1940 il n’y eut pas de débâcle. Nulle part les armées françaises n’ont perdues de leur cohésion. Il n’y a aucune débandade. Les replis sont effectués en bon ordre, et le moral de la troupe n’est pas entamé. Les soldats n’ont nullement le sentiment d’être battus, et ne demandent qu’à retourner au combat. Il faut dire que 44 ans d’endoctrinement tourné vers la Ligne-Bleue des Vosges ça laisse des traces….Du coté de l’empire allemand, le plan stratégique mis en place est l’œuvre du Comte Von Schlieffen. Il est le petit neveu du vainqueur des conflits de 1862, 1866 et de 1870/1871, le général Von Moltke, qui dirige l’armée impériale. La carrière de Von Schlieffen a été toute tracée : compagnon de guillaume II, il a bénéficié de l’auréole prestigieuse attachée à son nom. Habitué aux bals, concerts et parades, il a une intelligence vive, mais manque de fermeté dans ses décisions. A 66 ans, il est plié à la volonté de l’empereur. Il sait cependant s’entourer d’hommes qui lui sont dévoués, tels que Von Tappen ou Von Hentsch. Ils ont des caractères qui lui sont proches dans la discipline hiérarchique, et le règlement militaire. Pour la réussite de son plan, Von Schlieffen avait toujours insisté pour que sa stratégie aboutisse à l’encerclement de l’armée française : un vaste mouvement tournant depuis l’ouest, en la fixant aux frontières. Elle ne devait en aucun cas la faire reculer pour quelle puisse s’échapper. Il fallait encercler les armées françaises et les faire capituler comme à Metz, à Sedan, ou Paris en 1870. Ce ne fut pas le cas en août 1914. Surpris par les troupes allemandes, qui étaient passées par le sud de la Hollande et la Belgique, les généraux français, qui avaient retenus la leçon de 1870, reculaient leurs armées afin de préserver leurs hommes en vue d’une contre- attaque, ou de parer à tout désordre révolutionnaire. Mais faute de plan de rechange, par rapport au plan N° XVII, ils ne savaient pas comment procéder. L’armée française allait reculer jusqu’aux alpes. Elle perdrait la guerre certes, mais resterait structurée et opérationnelle. Pour relancer « sa marche victorieuse » il lui manquait un tacticien, un intuitif dans l’action. Et cet homme là ce n’était pas Joffre. De leur coté les britanniques, entrés dans la guerre après le viole de la neutralité Belge, se faisait bravement étriller par les Prussiens. Ils étaient commandés par le médiocre général French : vétéran des guerres Boers et Zoulous. L’armée anglaise étant inexistante en 1914, le BEF n’avait pas reçut de mission de sacrifice sur le sol français. Afin d’éviter un désastre son action fut prudente. Les anglais cherchaient, avant tout, à protéger les ports de la Manche pour maintenir une liaison avec leur île. L’avance des 320000 hommes du général Von Kluck de la première armée allemande fit peser sur le BEF une réelle menace d’anéantissement. Toujours est il que du coté français, en 1914, l’état-major manquait désespérément d’idées pour renverser la situation. La population parisienne s’attendait à soutenir un long siège prolongé comme en 1871. De son coté Joffre travaillait avec méthode en suivant scrupuleusement les schémas et les plans, obsolètes, préétablis. Sa platitude sans imagination fut pour beaucoup sa plus grande qualité… Et aussi son plus grand défaut, car faute d’un plan de rechange pour relancer l’attaque, il resta sans ressource. En septembre 1914, à la poursuite des Anglo-français qui se dérobent devant eux, les soldats allemands marchent sans s’arrêter en faisant 40 KM par jour. Seule la certitude de la victoire prochaine soutient leurs nerfs, et fouette leur enthousiasme. Pour tenir le coup, les troupes allemandes sont alcoolisées à l’excès. Elles sont surmenées, fatiguées et poussées à bout par leurs officiers qui veulent à tout prix talonner leurs adversaires. Sans trêve, ni repos, les allemands ont la main lourde sur la population civile. Beaucoup de villages sont pillés de font en comble et brûlés. Il faut dire que les français leurs ont donné le bon exemple avec la guerre de 30 ans, et les guerres napoléoniennes (c’est le retour du bâton). Toujours est-il que de nombreux civils sont jetés sur les routes. Si il est inexacte de prétendre que les officiers ont encouragé les exactions (vols, violes, et pillages), il est vrai qu’ils les ont tolérés en proie à un orgueil Prussien porté à son comble. Progressant à la poursuite des armées françaises qui reculent, Von Kluck peut s’estimer le mieux placer pour apprécier la situation. En tout cas, bien mieux que son Haut-Etat-major resté au Luxembourg, loin du front. Ainsi, Von Kluck décide, seul, de ne pas encercler Paris et de ne pas s’emparer de la capitale de l’hexagone. C’est pour lui une prise inutile, nécessitant un long siège, et une perte de temps précieux pour pourchasser les troupes françaises. Il veut avoir une liberté totale de mouvement, sans avoir à fractionner son armée. Il décide donc de passer à l’est de Paris, et de talonner la cinquième armée française. Depuis le Luxembourg, Von Moltke désira se rendre compte de la situation sur le front. Pour se faire il dépêcha avec les pleins pouvoirs le Lieutenant-colonel Von Hentsch, secondé par le Capitaine Koenig. Les deux hommes prirent la direction des lignes de batailles, pour voir si le plan initial de l’attaque suivait son court. Arrivés sur le front, Von Hentsch et Koenig découvrent que les impétueux généraux, Von Kluck et Von Bullow, poursuivent, dans la plus grande allégresse, les armées françaises qui reculent. La poursuite engagée ne tient en aucun compte du plan Von Schlieffen. De plus Von Hensch apprend qu’une armée française, la sixième, s’est regroupée dans la région parisienne. Ces troupes françaises pourraient porter une attaque sur le flanc droit de la première armée impériale. Pour Von Hentsch s’en est trop. Il prend une décision irréfutable : les généraux du Kaiser doivent suivre les directives du plan Schlieffen. Il en est fini de leur liberté d’action. Les troupes impériales doivent se réaligner, conformément au plan initial, et repartir à l’attaque après s’être réorganisées. Le réalignement entraîne un repli très ordonné des troupes de Guillaume II. Elles prennent ainsi position dans la vallée de l’Aine, sur des positions retranchées et fortifiées. Avant de passer à la suite de cette bataille, gardons bien en tête que jusqu’à ce redéploiement stratégique les troupes allemandes bousculaient sans cesse, et sans danger, les maigres troupes que les français laissaient derrière eux pour couvrir leur fuite, et retarder l’ennemi. Faute d’un second plan les français reculaient, reculaient… Finissant par se rendre compte qu’elles n’étaient plus poursuivies les armées françaises furent tout d’abord surprises. Nos différents généraux, totalement dans l’expectative, demandèrent conseil à leur Etat-major tout aussi surpris. C’est par un heureux hasard que le général Joffre, sortant de son apathie, eut la lumineuse idée de réoccuper le terrain abandonné par l’ennemi. Quelle stratégie!!!...En tout cas elle ne permit pas aux allemands de repasser à l’attaque, une fois réalignés selon leur plan initial. Les armées impériales stoppées, par la rigidité d’une doctrine militaire périmée, perdirent l’initiative, et l’opportunité, de mettre à la république une pâtée mémorable, dont la France ne se serait pas relevée. Sans plan de rechange, comme l’armée française plutôt, les troupes allemandes se contentèrent alors de repousser les Anglo-français qui tentèrent de réoccuper le terrain. L’armée allemande s’est arrêtée d’avancer. Pour les généraux français cela ne peut-être que le résultat d’une victoire. Laquelle ? Peut importe, pour Joffre et les politiques la république est sauvée. Les lettres de félicitations sont envoyées aux armées.